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Ceepee

Cee Pee, de son vrai nom Ali Diallo, coule depuis le début de l’été, des jours heureux au pays du « thiébou dieune ». Singulier de par sa voix authentique et défrisante, ce jeune chanteur mauritanien inclassifiable s’affirme aujourd’hui sur les podiums sénégalais, après s’être fait remarquer dans son pays, la Mauritanie, et prouve de plus en plus qu’il est une voix à suivre. Et, s’il est parti se retrancher à Dakar, au Sénégal, c’est pour mieux étoffer son parcours musical mais surtout parfaire son style musical. Rencontre.

 

De son 5e arrondissement où il est né en 1985, ce troisième enfant d’une fratrie de 7 vingtenaire s’est très tôt abreuvé du suc de la musique. Jeune rappeur déjà, il refusait de surfer sur la vague des rappeurs violents aux textes agressifs qui traduisent le mal de vivre de la jeunesse, avec un message opiniâtrement positif.

Petiot, il s’intéressait aux chansons des films hindous, aux musiques de Cheb Mami et feu Cheb Hasni. A l’époque, se souvient-il encore, on ne regardait que l’ENTV, une chaîne de télévision algérienne. Son enfance sera aussi marquée par les chansons de Salif Kéita, de Sékouba Bambino et de Bembéya Jazz de Guinée Conakry qu’on écoutait souvent dans la famille. Aujourd’hui, lorsqu’il parle de cette époque dont il garde encore des moments forts, on sent des perles de souvenirs jaillir du bout de ses lèvres.

Cee-Pee se souvient de sa première montée sur scène à Nouakchott à l’occasion d’un concert d’un collectif de rap appelé « No Men Possee » originaire de Sebkha qu’il accompagnait souvent dans leurs concerts. Il n’avait alors que 12 ans et fera partie des premiers membres de KMB Juniors formés et dirigés à l’époque par Kaaw, Blindé, Big Power qui est son cousin… C’est ce dernier d’ailleurs plus connu sous le nom de Waraba, explique-t-il, qui lui écrira le premier couplet sur lequel il va poser sa voix.

Puis, il quittera Nouakchott et sa grand-mère qui s’occupait de son éducation pour rejoindre sa mère installée à Nouadhibou, emportant avec lui les cassettes de R-Kelly, de Daara-J et de Pee Froiss, ses groupes de rap préférés. Malgré l’éloignement avec ses amis, il tenait à conserver un lien étroit avec le mouvement hip hop. Ici, il y formera des groupes comme KGB dont le nom illustrait parfaitement leurs états d’âme et A.S.B (African Salam Boys).

C’est plus tard, dit-il, que la chanson s’imposera en lui. Plus tard aussi, il connaîtra un succès prématuré. Ses chansons sont écoutées et téléchargées alors qu’il n’a même pas encore enregistré un album. Aujourd’hui, Cee Pee semble avoir mûri. Maintenant, il vise très haut. D’où sa présence à Dakar, où il travaille à côté de Xuman, un des fondateurs de Pee Froiss, un groupe de rap qu’il a toujours porté dans son cœur.

Cee Pee »La Mauritanie regorge de nombreux talents. Mais, malheureusement, leur notoriété est uniquement limitée à Nouakchott ou à l’intérieur du pays. Il manque des structures musicales. Il n’y a pas de marché musical », dit-il pour expliquer son retranchement à Dakar.

Aujourd’hui, il a choisi le reggae pour mieux diffuser ses messages et se nourrit des belles mélodies de Bob Marley et de Tiken Jah Fakoly, deux artistes qu’il n’a commencés à écouter que récemment. Même, si, à un moment donné, on ne le voyait plus sur scène, Cee Pee n’en demeure pas moins incontesté et reconnu sur la scène musicale nationale.

« Je soustrais l’injustice que je vois ou j’entends, je soustrais le ras-le-bol qu’éprouve la population. Je soustraits la tristesse et le remords. Je soustrais également l’amour et la passion que je ressens au fonds », rappelle-t-il pour déplier le sens de son surnom, Cee Pee, qui peut également signifier Conscience Positive (C.P.).

Avant de partir, ce vingtenaire que peu de monde connaît a réussi à construire une petite réputation. Et son voyage initiatique et musical dans la capitale sénégalaise qui lui permit de se frotter à des célébrités du rap sénégalais semble lui donner une autre perception de la vie, de l’engagement et de son orientation musicale. « Au début, je croyais que le reggae, c’est crier, dénoncer, s’élever contre quelque chose. Mais, aujourd’hui, j’ai compris qu’on pouvait être positif lorsqu’on tente de délivrer des messages », dit-il.

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